L'analyse du film d'animation !
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L'empereur mégalo
Kuzco : une richesse humoristique rare chez disney
L'empereur Kuzco mène une vie paisible dans son palais à la hauteur de son égo démesuré. Tel un empereur, tous ses souhaits lui sont exaucés par son peuple et ses intendants. La sournoise Izma le seconde en tant que conseillère de l'empereur, qui elle-même, est secondée par Kronk, son fidèle et brave serviteur (elle en change tous les 10 ans d'ailleurs, et celui-ci est le dernier modèle).
Synopsis
Le récit commence par la volonté exacerbée de Kuzco de créer sa résidence d'été "Kuzcotopia" sur une des collines voisines du palais. Cela ne va pas plaire à Pacha, homme plein d'humanité, et chef de la colline menacée par la nouvelle construction de Kuzco. Parallèlement, la perfide Izma prépare un plan pour renverser l'empereur et prendre son siège. Elle met alors en place une tentative d'assassinat sur Kuzco, mais les talents de son serviteur sont tel que Kuzco se transforme en lama...
Film sorti en 2000 et réalisé par les studios disney
Autour de l'analyse du film
Un rendu cartoon qui rend service à la scénarisation
Les graphismes du film ne se veulent pas spécialement très avancés sur leur temps, et ceci constitue un choix des studios. D'autres films de même période avaient des graphismes plus travaillés. C'est le cas du Géant de Fer, sorti en 1999 des studios Warner, ou de Titan A.E, sorti en 2000 de la Fox animation studio. Kuzco vise un objectif tout autre : celui de répondre à un scénario complètement loufoque et décalé. Proche du cartoon, on n'attend pas du film qu'il nous impressionne au niveau des rendus esthétiques. L'ensemble des décors sont d'ailleurs relativement simples de manière à focaliser l'œil du spectateur sur les protagonistes de l'histoire. On perçoit alors cette utilité pour l'histoire, et c'est réussi !
La plupart des plans sont en décalage total avec la réalité. Tandis que dans les scènes du palais, tout semble surdimensionné pour montrer la grandeur de la chose, le laboratoire d'Yzma, quant à lui est très sombre et s'appuie simplement sur les alambics, fioles et plan de travail pour la création des potions.
La sournoise Yzma met en place son plan machiavélique pour renverser Kuzco !
Pacha entre dans un palais immense pour son rendez-vous avec Kuzco
Ce choix de décors simples fait ressortir le tempérament de chaque personnage tout en ne donnant que peu d'éléments situationnels, pour mieux agir dessus par la suite.
Pousser l'humour à son paroxysme : de la construction des personnages aux dialogues
De l'ironie au comique de situation en passant par le sarcasme, la répartie des personnages est riche, très riche. On retrouve les archétypes classiques nécessaires au déroulement d'une bonne histoire: le héros - Kuzco, la méchante - Yzma, le sage - Pacha, et enfin le trickster - Kronk (le grand rigolo). Toutefois, les limites des différents rôles sont floues.
Prenons Kuzco par exemple. Il s'introduit d'abord comme un empereur tyran, pour se transformer ensuite en anti-héros subissant les évènements, et finalement se relever comme un héros changeant. De la sorte, son rôle dans la narration change. Toutefois, l'élément stable à chaque archétype dans le film est le comique. Peu importe le rôle initial du personnage, il cherchera à faire rire, à sa manière. Ainsi, on joue sur les archétypes pour mettre en avant un comique particulier. Pour Kronk par exemple, le comique de situation sera préféré, par son allure de simplet et de gentil bougre, tandis que l'exaspération de Izma sera sa manière de provoquer l'amusement. Le personnage de Kuzco a été crée de manière à faire apparaître un certain sarcasme et une ironie que l'on retrouve rarement chez disney.
Patcha
le sage
Yzma
la méchante
Un scénario destructuré...Pour notre plus grand plaisir !
Un autre aspect scénaristique ressort, et celui-ci est lié au précédent. Les personnages savent qu'ils sont dans un film ! On entend souvent, dans la première partie de l'histoire, Kuzco intervenir en tant que narrateur de sa propre vie. C'est un élément qui n'est pas anodin dans un film d'animation ou l'on recherche habituellement à créer des situations simples et rassurantes pour le spectateur, avec un décor particulier, un contexte et une histoire qui permettent au spectateur de s'évader et où le rôle du personnage est clairement identifié en tant qu'acteur. Ici, au contraire, les personnages ne sont pas seulement acteur de l'histoire, mais bien spectateur. Fidèle à son égo, Kuzco intervient même parfois visuellement pour recentrer l'histoire sur lui-même.
Le scénariste se sert justement de cette destructuration pour créer des situations comiques et totalement décalées. C'est encore l'humour lié à ces incohérences qui donne une réelle originalité à cette création.
Kuzco
le héros
Yzma : Kronk ? comment on a fait pour arriver ici avant eux ?
Kronk : Alors la je m'interroge...Parce que sur le schéma, c'est pas logique...
Kronk
le trickster
Kuzco remet les points sur les I
C'est moi dans le sac, c'est mon histoire ! Pas la sienne...
L'histoire a un sens, mais de nombreuses scènes représentent, en elles mêmes, une véritable incohérence. Ainsi, on saute de scène en scène, ou devrais-je plutôt dire, de sketch en sketch tout en conservant un fil conducteur.
Le récit n'est donc pas fait de manière à ce que le spectateur entre complètement dans le film, bien au contraire, la narration joue avec le code de l'histoire pour "mettre en pause", rembobiner sur l'histoire, créer des effets de caméra, afin d'en faire, ici aussi, un élément structurel et burlesque de la narration.
Notons le tout...
Kuzco nous offre une qualité graphique très proche du cartoon. L'image reste volontairement simple et les graphismes appréciables.
Dans sa mise en scène, le film Kuzco ne se porte que très rarement sur du détail, or, on trouve habituellement dans ces détails la preuve d'une qualité graphique conséquente. Ici, les graphismes ont plutôt l'avantage de favoriser le comique de situation par la capacité à transformer visuellement un personnage pour provoquer le rire par ses changements d'attitudes et d'expressions.
Il est donc nécessaire d'apprécier les graphismes dans leur rapport utilitaire au film et non pas esthétique. De ce point de vue, ils prennent tout leur sens et en deviennent une composante du film de très grande qualité.
Cet aspect novateur et original de l'utilisation des graphismes permettent à Kuzco de placer la barre haute et encourage l'utilisation des graphismes à d'autres fins que le simple fait de provoquer le beau.
Les graphismes
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On découvre ici une construction des personnages et des dialogues très travaillée. Chaque personnage tient son rôle, tout en s'inscrivant dans une logique comique qui lui est propre.
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Les personnages et les dialogues
La transition d'un personnage à l'autre est très vive, de cette manière le rythme du film est composé de la rythmique des personnages. Plus les personnages sont actifs et plus le film passe vite. Dans Kuzco, on ressent fortement ce rythme très rapide, qui nous accroche et crée un lien fort avec l'histoire et chaque protagoniste.
Au-delà des archétypes classiques d'un film, les personnages sont plus complexes et il n'existe pas réellement de manichéisme malgré une "méchante" identifiable. Celle-ci, plutôt que de susciter la terreur aurait plutôt tendance à se rapprocher du ridicule, ce qui décrédibilise son rôle d'antagoniste.
On a donc un parti pris original de la part des studios disney qui sont habituellement très appuyé sur les archétypes.
Enfin les dialogues sont d'une richesse formidable : Un brin de leçon de vie enseignée par Pacha, mélangé avec quelques réflexions philosophiques évoquées par Kronk, le tout assaisonné par un humour totalement décalé et vous obtenez Kuzco.
Le scénario destructuré de Kuzco permet d'enrichir l'humour du film en créant des situations totalement décalées. De cette manière, le film s'affranchit alors des codes classiques de la narration chez Disney. Le double couple de personnages (Kuzco-Pacha et Kronk-Izma) s'avère très efficace pour alimenter la dynamique comique du récit.
Par ailleurs, on retrouve une trame scénaristique à laquelle se raccrocher, et on y entre avec plaisir. On observe alors un façonnement habile entre une trame scénaristique cohérente et un ensemble de situations rocambolesques sans objectif propre.
Les choix génialissimes des dialogues permettent à la fois de mettre en lumière l'histoire afin de la faire évoluer, mais aussi d'utiliser l'ensemble du cadre dans lequel s'installe le récit pour jouer avec. Les outils techniques tel que les caméras, ou le support visuel deviennent des éléments scénaristiques à part entière qui rajoute de la valeur au film.
S'ajoute à ce mélange goûteux, une profondeur d'esprit. Subtilement incarné par le personnage de Kronk, on y découvre les balbutiements des certaines réflexions philosophiques, amenant le spectateur à se poser différentes questions sur le hasard, les choix, le manichéisme... Un paradoxe s'exprime dans ce personnage qui, considéré comme étant le plus abruti de l'histoire, se révèle être celui qui se questionne le plus sur ses actions.
Dans Kuzco, il est difficile d'analyser la musique en tant que tel. J'ai donc choisi de ne pas y mettre de notes.
Elle ne se veut pas constructrice d'ambiance (mélancolique, agréable...) venant s'ajouter à la scène en question et servant à renforcer l'ambiance de la scène. Au contraire, elle est ici au service de la narration encore une fois.
Pour pouvoir juger de son importance, elle ne doit pas être perçu ici comme complémentaire à une ambiance mais bien comme un élément narratif au service du film. De cette manière, la musique d'ouverture permet de situer la scène, le contexte et le personnage principale. Elle pose les bases, en deux minutes, de la situation initiale, ce qui permet à la fois d'exposer rapidement au spectateur le personnage principal et laisse plus de temps pour la construction des situations burlesques à venir.
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La structure narrative
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La musique
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Les références culturelles et l'originalité
Le film Kuzco rappelle sans difficulté les films hilarants des Montys Pythons, destructurés à souhaits et mettant avant tout l'action sur l'humour. Il s'agit alors d'un dessin animé qui peut parfois échapper aux enfant en terme d'humour.
Le film n'est pas transmetteur d'une culture ou d'un phénomène particulier. Cette histoire est protéiforme et l'univers inca ne constitue ici qu'un prétexte pour créer un film. Si l'on reprenait le même type de personnage, avec un relationnel similaire, l'implantation de l'histoire pourrait se faire sur n'importe quel espace.
On retrouve aussi plusieurs caractères issus des personnages de l'univers de Disney tel que Gaston dans la Belle et la bête, très égocentrique, que l'on entrevoit dans la personne de Kuzco au début du film
Toutes les images utilisées sont tirées du film Kuzco et appartiennent de droit à Disney animation. http://www.disneyanimation.com/
Cet usage n'a aucune vocation commerciale