Mon voisin Totoro - 1988
Synopsis
L'histoire raconte l'arrivée de deux petites filles dans une grande maison de campagne, pour se rapprocher de l'hôpital ou séjourne leur mère. Dans cette maison et ses alentours, découvriront l'existence de créatures merveilleuses, assez mystérieuses : les totoros.
Le totoro est une créature rare et fascinante, un esprit de la forêt. Il se nourrit de glands et de noix. Il dort le jour, mais les nuits de pleine lune, il aime jouer avec de l'ocarina. Il peut voler et est invisible aux yeux des humains. Autour de ces personnages, les deux petites filles vont construire une amitié et apprendre à vivre dans ce nouveau lieu.
Ce film a été crée et diffusé au japon en 1988, mais il faudra attendre 1999 avant qu'il sorte dans les salles françaises. Autant dire qu'il y a eu du temps avant l'arrivée de sa renommée.
Bande annonce : Mon voisin Totoro
C'est l'histoire de deux petites filles qui viennent s'installer avec leur père dans une grande maison poussiéreuse, (et un peu mystérieuse), à la campagne. Ils veulent se rapprocher de l'hôpital ou séjourne leur mère. Une fois sur place elles vont découvrir l'existence de créatures merveilleuses, mais très discrètes, les totoros.
Cette histoire nous emmène dans un monde qui, à première vue, semble être une fable légère et très accessible. Totoro, avec son aspect de "Grosse peluche Tromignon" rassure et apaise. Le film fait intervenir des héroïnes qui, comme Ponyo sur la Falaise, semblent parler davantage aux enfants qu'aux adultes, mais il n'en est rien.
La construction scénaristique du film
Totoro est un film très particulier pour ce qui est de sa construction scénaristique. Il s'écarte des sentiers battus dans le sens ou sa construction n'a pas réellement d'objectif particulier à accomplir, ni d'antagoniste ou de protagonistes réels.
Cette nouvelle construction en termes de scénario est vivement mise à mal à la fin des années 1980 car ce n'était pas assez vendeur, et beaucoup de producteurs vont être réticents à produire le film. Lorsqu'il sort au cinéma, ce n'est d'ailleurs pas un franc succès. Non, Totoro fait partie de ces films qui gagnent leur succès sur le petit écran, et c'est lorsqu'il est programmé à la télévision au début des années 90' qu'il fait réellement sensation et connaît un regain de notoriété, auprès des jeunes publics d'abord, mais cela s'élargira rapidement à la sphère de l'adulte.
Mon Voisin Totoro va devenir le film le plus lucratif de tous les temps pour Ghibli et le Grand Totoro en deviendra même le logo du studio.
Un retour sur les personnages
1. Le Totoro et le chat-bus
Totoro est apparemment le mélange de plusieurs animaux. Il rappelle sans mal les Tanukis (présents dans Pompoko, et leurs ventres chaleureux.), mais aussi les chats, et plus particulièrement le chat d'Alice au Pays des merveilles et son grand sourire. Enfin, il tire légèrement sur la choix en ce qui concerne ses positions sur les arbres, mais aussi le son de l'ocarina sur lorsque la nuit survient. Totoro va intervenir comme l'apaisement nécessaire et l'acceptation d'une situation de la part de l'enfant. Il est l'exutoire nécessaire
Le chat-bus vient d'une croyance japonaise attribuant à un chat âgé le pouvoir magique de changer de forme : c'est alors un « bakeneko ». Le chat-bus est un « bakeneko » qui a vu un bus et qui a décidé d'en devenir un.
2. Le père.
Il est professeur d'Archéologie. Il a été muté à l'université de Tokyo. Il est atteint par la maladie de sa femme, mais tente malgré tout de garder le moral, pour que ses filles continuent à croire en la guérison de leur mère et en gardant un quotidien assez stable. Toutefois, ses obligations d'aller travailler à Tokyo pour pouvoir garder la maison qu'il a acheté, et continuer à offrir ce cadre de vie à ses filles, rend son quotidien difficile, comme le montre la scène de l'arrêt de bus, les jeunes filles semblent l'attendre des heures avant qu'il n'arrive.
On perçoit toutefois que leur quotidien est compliqué par le fait qu'il confie les jeunes filles à la gand-mère du village Il garde une position relativement détachée par rapport à ce que vivent les petites filles car apparemment, les esprits de la forêt (les totoros) ne peuvent être perçus que par les jeunes enfants.
3. Satsuki et Meï : D'un côté la responsabilité, et de l'autre l'innocence
Dans Totoro, Satsuki incarnera la responsabilité dans ce cadre ou les deux filles sont livrées à elles-même (le père passe beaucoup de temps au travail et la mère est à l'hôpital). Satsuki va alors prendre le relai en tant que parent auprès de Meï. Malgré son rapport étroit à l'esprit de la forêt et à l'imaginaire : le Totoro, qui l'aide à combattre la maladie de sa mère, elle garde les pieds sur terre. Satsuki est la démonstration que l'on peut tout aussi bien allier le monde l'imaginaire, et les responsabilités de l'adulte (qui sont bien souvent opposées).
Maï quant à elle, est plus petite, et baigne encore totalement dans ce monde de l'enfance, et c'est pourquoi ses contacts avec le Totoro sont plus fréquents. Elle le découvre tel Alice en tombant dans son repère, ou rêve davantage de lui que Satsuki. Son rapport au Totoro est plus fort que celui de sa sœur. Cela s'explique aussi par le rapport important que Meï nécessite à son âge avec sa mère. Elle est en effet plus petite et nécessite une attention maternelle plus particulière. Satsuki est davantage dans les prémices de la phase d'émancipation et de découverte de sa féminité. Cette phase crée un rapport à la mère plus éloigné.
A l'origine, Miyazaki avait prévu de ne faire qu'une seule et même héroïne ; Satsuki et Meï étaient incarnée par le même personnage. Il nous offre alors 2 héroïne retravaillées, qui appréhende l'arrivée de Totoro de deux manières différentes :
Le Totoro de Satsuki sera un soutien ponctuel, quand le poids des responsabilités sera trop fort à porter. Cela est imagé par la scène de l'abribus, ou Meï veut que sa soeur la porte, que son père tarde à rentrer, et qu'il pleut. Satsuki a vraiment besoin d'un soutien émotionnel, et le Totoro intervient à ce moment là.
Le Totoro de Meï sera un soutien très fort et plus présent, un substitut au réconfort maternelle. C'est pourquoi il disparait lorsque la mère revient à la fin de l'histoire.
Les noiraudes : Une manière imagée de chasser ses idées noires
Les Noiraudes sont intégrés à ce que l'on appelle les yōkai c’est-à-dire les « fantôme », ou «esprit ». Ce sont des types de créatures surnaturelles dans le folklore japonais. Les yōkai ont un comportement qui varie de l'espièglerie à la malveillance et, occasionnellement, ils portent chance à ceux qu'ils rencontrent.
Ces noiraudes peuvent être perçues dans le récit, comme les idées intempestives que les jeunes fillettes doivent subir, par le contexte difficile : celui d'une maman malade. Ainsi, elles tentent de contrôler ces noiraudes, comme le montre Maï lorsqu'elle tente d'attraper les noiraudes, mais ces idées restent trop volatiles, et hors de contrôle quand l'enfant en souffre encore de façon trop vive.
L'exutoire nécessaire pour ne pas se perdre en chemin
Le changement de trajectoire initié de la part du père en déménageant à la campagne, implique de la même façon un changement de trajectoire à construire dans la tête des jeunes filles pour qu'elles puissent se sentir mieux concernant la maladie de leur maman.
Bien souvent, il est humain de se tourner vers des éléments réconfortants lorsque des situations (professionnelles, personnelles...) compliquées, se profilent. L'affrontement de ces situations effraie et implique parfois une aide extérieure pour s'en sortir. Totoro jouera à la fois ce rôle d'exutoire, dans le sens où les jeunes filles pourront focaliser leur attention sur cette créature et y penser sans relâche (même la nuit dans leurs rêves, lorsqu'ils font pousser un arbre)
Un rapport au spirituel fort.
Etant donné la valeur que donne la culture shintoïste aux espaces forestiers, le rôle de Totoro est très important s'il s'agit du gardien de la forêt sacrée. De même, lorsque la petite famille va visiter le camphrier géant où Mei a rencontré Totoro, ils grimpent dans un sanctuaire shinto, symbolisé par le passage sous un « torii » (portail) et par le « shimemawa » (corde) qui entoure le tronc de l’arbre. Ces lieux religieux au Japon témoignent de la présence des dieux et esprits, appelés « kami ».
Dans nos sociétés occidentales, un parallèle peut se percevoir entre ce que l'on appelle plus traditionnellement le "Saint-esprit" dans la croyance chrétienne (ou le rôle de la foi), et le personnage de Totoro qui est l'expression de cette foi chez les jeunes filles, mais de manière personnifiée. En effet, dans la chrétienté, la foi jouera un rôle de réconfort, d'apaisement, mais aussi de courage pour garder le cap face à des situations difficiles. Or, Totoro, par l'ambiguïté de son existence, et son rapport au sacré, permet de rappeler sans mal toutes ces qualités que l'on donne à la foi. Ainsi, les jeunes filles vont s'apuyer sur Totoro pour retrouver le sourire et croire en la guérison de leur mère.
Les inspirations de Mon voisin Totoro
On peut noter également deux autres inspirations flagrantes dans Mon Voisin Totoro. D’abord, celle de Panda Petit Panda, considéré comme le brouillon de Totoro. Puis celle d’Alice au Pays des Merveilles. Cela se ressent notamment lors de la découverte du passage, puis la chute de Mei qui dévale le camphrier jusqu’à l’antre de Totoro. On note également une ressemblance frappante entre le Chat-bus et le chat d’Alice, dans la face et notamment le sourire.
Comments