Le Roi Lion - 1994
Synopsis
Sur la Terre des Lions, Simba est le jeune et intrépide prince du royaume. Avec son amie, Nala, il rêve déjà d'être roi et n'écoute guère les recommandations de son père. Ainsi, poussé par la perfidie de son oncle Scar, Simba désobéit et va mettre en danger à plusieurs reprises son entourage. Cependant, Mufasa, le père de Simba, décède alors qu'il essayait de sauver son fils d'un troupeau affolé. Simba, rongé par la culpabilité fuit sous les conseils de son oncle... Il se retrouve seul dans le désert, du moins jusqu'à sa rencontre avec deux acolytes du nom de Timon et Pumbaa. Tous les trois vont vivre avec philosophie, jusqu'au jour où Nala rencontre par hasard Simba après tant d'années et lui annonce la décadence de son royaume gouverné par Scar et des hyènes...
Bande annonce
Analyse du film
Simba : Le héros impertinent
Il était une fois, le roi Lion et son personnage emblématique : Simba ! Le jeune lion va connaître de nombreuses évolutions au fur et à mesure du film. Mais commencons par le début...
Tout d'abord, Simba garde une suprématie sur les autres animaux et peut l'affirmer quand il le souhaite, que ce soit face à Zazou, qui sera le bouc-émissaire jusqu'au bout, ou le reste des animaux de la savane, comme nous l'expose la chanson "je voudrais déjà être roi". En ayant pris cette habitude d'accéder à tout ce qu'il souhaite, il ira jusqu'à défier son père et franchir la limite de son royaume. Simba se comporte comme un enfant gâté qui refuse l'interdit et s'autorise un orgueil qui ne lui sied pas.
Ce rapport de domination sur les autres animaux, s'effacent lorsque Simba perd son trône et s'exile pour rester en vie. A ce moment-là, il peut se permettre de devenir ami avec un phacochère un peu abruti sur les bords (ou qui croit l'être, car toujours dévalorisé par son partenaire) et un opossum teigneux. Dans son comportement, on observera de la même façon le mimétisme de Simba pour son père, dans sa manière de ridiculiser Zazou, et dans cette prestance qu'il se donne. Il s'agit alors de tares qui disparaîtront dans son voyage initiatique et sa rencontre avec les compères Timon et Pumba, plus humbles.
Simba : Un personnage évolutif : de l'irresponsabilité à la confiance en soi.
Simba va s'apparenter à un héros progressif. S'il parle tant aux jeunes adultes des générations des années 90' et 2000, c'est parce qu'il est facile de s'identifier à lui et à son évolution. Il rappellera sans mal le passage du statut d'enfant à celui d'adulte. Le film nous le retransmet au travers de quatre moments clés :
1. le petit lion apparaît d'abord comme irresponsable, se mettant facilement en danger (territoire des hyènes...) et empreint d'une certaine insouciance, comme pourrait l'être un enfant. Il ne se pose pas réellement de question, si ce n'est une curiosité naturelle propre à celui qui découvre la vie. Protégé par son père et estimé par ses amis, il profite de cette bulle de confort.
2. Mais ce cadre est mis à mal par l'élément perturbateur de l'histoire, Scar, qui détruira ce cadre confortable. A ce moment-là, Simba n'est pas préparé à cette nouvelle vie, comme c'est le cas pour un adolescent, dont le corps change, dont les responsabilités se font plus nombreuses, et surtout qui commence à mettre un pied en dehors du cocon familial pour s'émanciper. Ces passages vont alors créer la peur, l'angoisse, comme le ressent Simba lorsqu'il se retrouve livré à lui-même, obligé de fuir.
3. Chassé de son confort par Scar et exilé, il se retrouve un peu perdu, ne sachant comment agir, ou ce qu'il doit faire pour retrouver un cadre stable. Il s'agit là d'un passage de remise en question sur soi, mais aussi sur ce qui l'entoure. A ces incertitudes, Timon et Pumbaa auront leur propre réponse : Le Carpe Diem ou "Hakuna Matata". Et cela convient dans un premier temps à Simba, qui n'a jamais réellement pris de décision jusqu'alors, ou porté le poids de la responsabilité. Ainsi, lorsqu'on lui promet une vie sans réelle complication ni projection, notre petit Lion s'y engouffre bien volontiers. Mais cette façon de vivre permet de tenir un temps car elle s'émancipe du passé mais aussi du futur.
Toutefois, lorsque Simba cherche à construire une vie plus durable, il remet en question cette vie simple, et facile. Dans la balance intervient le sens des responsabilités qui est alors absent dans la vie du Phacochère et de l'opossum. S'en suit alors une phase de remise en question, parfois de déni, et cette crainte de faire des choix pour le futur, parce que la prise de position est angoissante, parce que l'on a parfois peur de se fermer des portes lorsque l'on fait des choix.
Mais ne vaut-il pas mieux choisir de franchir une des portes que de rester cloué face aux différentes portes qui se profilent devant nous ? Cet élément nous portera donc vers la quatrième et dernière phase de cette évolution.
4. Simba n'est pas encore adulte, mais réfléchit à nouveau sur ses choix, et lorsqu'il initie son changement (porté par Nala principalement), il a besoin d'épaules qui pourront le porter. Ainsi il se tournera vers ses prédécesseurs (son père) mais aussi ses amis qui sont, eux aussi, passé par ces stades (Rafiki s'est émancipé et vit seul dans son arbre) et qui pourront l'aider à franchir le pas sur ses décisions.
Ainsi, après avoir écouté son père, qui jouera le rôle de conseiller, mais aussi de conscience de Simba, et Rafiki, il prendra son courage à deux mains (ou à quatre pattes), pour retrouver son cadre stable et avoir réussie à s'émanciper en tant que personne.
Il devient alors roi, mais surtout roi de ses choix et roi de sa personne. Il a franchi le cap difficile de l'enfance à l'adulte. On peut donc voir dans "Le roi lion", une allégorie du passage de l'enfance à l'âge adulte et, en ce sens, donne de la valeur à la responsabilité.
Timon et Pumba : De l'ami au trickster-sketch
Timon et Pumba seront des personnages au service du héros. Ils interviennent classiquement au moment crucial de l'histoire, c’est-à-dire quand le héros ne peut surmonter ses épreuves seul et qu'il nécessite d'être épaulé. A la fois le rôle de trickster et d'amis, les deux personnages vont glisser progressivement de ce rôle d'amis, au rôle de trickster, au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire. En effet, lorsque Simba est sauvé par Timon et Pumba, leur rôle dans l'histoire est très marqué et les personnages influent sur la narration. Timon va jouer le rôle de conseiller auprès de Simba et Pumba, malgré un côté béta non mérité (il est bien souvent dans la vérité, mais stigmatisé en tant qu'ignorant par Timon) De plus, ils vont offrir leur doctrine de vie à Simba, qui a besoin de ce lacher-prise avec les évènements récents pour faire son deuil. Ce seront donc eux qui permettront à Simba de se remettre de sa période difficile (perte d'un proche, exil).
Toutefois, dès lors que le jeune lion décide de partir reconquérir son trône, l'opposum et le phacochère bascule rapidement du côté du trickster qui a rempli sa part du travail, et qui se retrouve à amuser la galerie puisqu'il n'a plus que ce rôle à jouer, bref, l'ami est mis au placard et les deux compères se retrouvent à jouer le rôle de Zazou.
Rafiki, Le sage énigmatique
Solitaire, Rafiki le singe jouera le rôle de sage. Il agira principalement en tant que conscience de Simba. Il va venir réorienter le jeune Simba lorsque c'est nécessaire, dans le droit chemin. Il a conscience de la tragédie que vient de vivre le jeune lion, mais garde d'abord ses distances. Ce sera lorsque Simba aura grandi et sera empreint de doutes qu'il agira au moment venu pour lui redonner confiance. Il souhaite en effet que SImba se débrouille seul, et qu'il apprenne à franchir ces passages difficiles de la vie. Bien qu'il soit aidé de ses amis, ce sera au jeune lion de faire des choix cruciaux et, en ce sens, Rafiki offrira l'émancipation à Simba. Il garde toutefois un oeil sage sur son petit protégé dans le cas où les choses s'envenimerait. Comme un père Rafiki cherchera le juste équilibre entre aide et émancipation. C'est de cette façon qu'il conseillera Simba pour lui redonner confiance en lui, mais qu'il gardera suffisamment de distance pour le laisser grandir.
Zazou, le Toucan de la farce
Serviteur du roi, Zazou sera rapidement risé et dénigré par les personnages principaux du film : les lions. Le film nous montre un personnage qui se situe dans les classes sociales basses de la savane. En effet, pour servir l'humour dans l'histoire, il ne cesse d'être rabaissé, et traité comme un larbin. Il n'est pas réellement considéré, sauf par intérêt ou par divertissement. Dans un cas, il va être le cobaye des dires de Mufasa, et l'utiliser pour le traîner dans la boue.
Scar, le méchant fascinant, fascisé.
Scar revêt l'aspect d'un ennemi machiavelique, calculateur. Il n'est pas dans la même veine qu'une méchante telle que Cruella ou Izma dans Kuzco. Il n'agit pas sous le coup de la spontanéité, mais préfère la manipulation, l'influence, la sournoiserie.
Au travers ce personnage, on retrouve l'image des régimes fascistes dans toute leur splendeur. Cela est renforcé par l'animal qui lui est soumis : la hyène, et seulement la hyène ! Considérée comme un charognard, elle fait un parfait bouc-émissaire pour représenter un méchant.
Pour représenter le méchant, Disney choisit malgré tout la facilité. La construction d'un antagoniste sous le signe d'un régime fasciste amène très facilement (trop ?) le public à le rejeter. Par ce biais, disney marque au fer rouge non seulement le personnage de Scar, définitivement marqué comme "Tyran", mais critique aussi le fonctionnement d'un système communiste tout en dressant un portrait négatif de celui-ci.
Deux figures de monarche : Du Tyran égoïste au Monarque éclairé
Deux figures iconiques vont venir se confronter dans le Roi Lion, d'un côté le Roi machiavélique que représente Scar représenté avec son "armée de hyènes disciplinées" et donc la société sombre qui veut reconquérir le territoire des Lions. Ce côté roi machiavélique est renforcé par les couleurs sombres et terne, grises, vert kaki mais aussi par les lieux insalubres et sans vie.
De l'autre côté se présente un Roi éclairé, qui a installé une monarchie qui se donne un côté démocratique, mais qui ne l'est pas réellement, car les carnivores mangent naturellement les herbivores et que les choses restent ainsi. En comparaison, dans le film Zootopie, ce rapport entre herbivore et carnivore est justement cassé pour qu'il puisse vivre tous ensemble entre "êtres civilisés". Ainsi, dans le roi lion, on nous fait croire à un changement de régime, qui n'en est pas un.
Dans les deux cas, aucune place n'est vraiment laissée aux autres animaux. Il s'agit simplement de la façon de gouverner qui est différente, mais en aucun cas le rapport hiérarchique est remis en question. Ainsi, le roi lion relate en partie une guerre politique, avec deux modèles sociétaux qui s'oppose. La monarchie d'un côté, avec l'image de Mufasa, puis de Simba par la suite
Des rapports hiérarchiques évidents
Le Roi Lion met en avant dans son film, de nombreux rapports hiérarchiques, et le film se révèle particulièrement maladroit dans leur approche. Qui dit rapport hiérarchique, dit aussi classes sociales. Mufasa, le lion principal est donc les représentants du roi
Un régime Monarchial assumé
On retrouve ici les grands principes de la monarchie absolue : la transmission héréditaire du pouvoir et la hiérarchisation sociétale, qui est constitué de façon verticale. C’est-à-dire que le roi se situe en haut de la société et que le peuple est se soumet à son autorité
Des ordres naturels indissolubles
Le roi Lion expose facile le fait que certains individus possèdent des empires dès leur naissance, alors que d’autres ne possèdent rien, et que c'est tout à fait normal, puisque cela s'inscrit dans le cycle de la vie. Cela n'est pas sans rappeler le système de castes en indes et les individus coincés dans ces "cases" peu importe leurs efforts pour en sortir.
Ainsi le roi Lion est dans l'acceptation d'une inégalité qui semble tout à fait contestable si on replace le film dans la logique d'une allégorie de la société.
Mufasa renforce cette idée en exposant ce fameux cycle naturel et en expliquant que le rôle d'un roi reseemble à la course du soleil, qui finit par se coucher, et laisser place à un "nouveau soleil" : Simba
Dès le début, le roi Lion pose les bases d'une leçon quelque peu acerbe : Dans la vie, il y a ceux qui sont, par nature, destiné à commander et ceux qui doivent obéir.
Les rôles féminins très effacés et soumis
On remarquera que la place de la femelle (la lionne) dans le roi lion est très peu présent. Elle n'est pas au centre des décisions qui, dans le film, concerne essentiellement les hommes. En effet, lorsque Mufasa expliquera en détail à son fils en quoi consiste ce « cycle éternel, il s'agira d'une conversation sérieuse sur la gestion du royaume (et donc de politique) et la femme de Mufasa, Sarabi est laissée de côté spontanément. Le film nous fait vite comprendre que ce n'est pas son rôle d'agir dans ces discussions, car elle est une lionne, et qu'un sens latent se profile à cette idée : le pouvoir n'est pas vraiment quelque chose pour les femme. De plus, lorsque Nala retrouve Simba, elle tente de lui faire entendre raison sur son sens des responsabilités, mais il refuse de l'entendre. Il faudrait l'intervention de Rafiki et de son père (sa conscience ?) pour qu'il change d'avis. Il s'agit bien là de deux avis masculins, tandis que l'avis féminin est totalement ignoré.
Enfin, les femmes viendront assister Simba lors de sa reconquête. Ainsi, elles adopteront un rôle de soutien, d'accompagnante, pour que l'homme puisse aller vers sa destinée. Elle gardent donc une position de soumission tout au long de l'histoire (Ahh machisme, quand tu nous tiens...) malgré leur tempérament et leur caractère parfois plus forts, et dans le vrai, en terme de décision.
De cette façon, le modèle monarchial est croisé volontiers avec un modèle Patriarcal.
Pour conclure, on constate que le récit explore avec le spectateur cette évolution de l'individu (l'homme ?) et met sur un piédestal le développement de soi avec les différentes phases par lesquelles cet individu va passer. Sur cet aspect le film est novateur car il offre une allégorie de la jeunesse de manière très accessible et touche sensiblement le public car cette allégorie permet justement de s'identifier très bien au jeune Lion et aux différents passages de la vie.
Pour ce qui est de la construction des personnages, et du rôle des personnages secondaires, on est face à une construction très triviale, imprégnées d'idées toutes faites, qui tendent vers l'amalgame sans aucun recul ni remise en question. On apprend alors que le fascisme c’est mal, mais qu'un monarque est une bonne chose, malgré sa suprématie sur les autres, que les femmes n'ont pas le droit d'être force de proposition quand il s'agit de sujets sérieux (politique), Qu'il y a un ordre naturel qui mène certain au pouvoir et d'autres non (et que c'est comme ça et que l'on ne peut rien y faire)
Bref, un portrait qui entache malgré tout la "magie disney" mais qui est un peu plus objectif sur le film ! Peut-être le verrez vous d'un nouvel œil !
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