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Le château dans le ciel

Les pirates tentent d'attraper Sheeta, mais vu leur stratagème, j'ai bien l'impression qu'ils rentreront bredouille....

Muska nous apparaît comme un antagoniste dénué d'âme souhaitant assouvir sa soif de pouvoir. Toutefois, on voile rapidement le fait qu'il ai accès à cette force de plein droit. Il correspond, lui aussi, à un descendant de la famille des dirigeants de laputa. Il ne descend pas de la même branche que Sheeta, mais son droit d'accession au domaine est assuré de la même manière que notre héroïne. Au-delà de cet objectif de pouvoir, il souhaite faire revivre une civilisation disparue. Cela sous-entend toutes les armes de guerre créées par cette civilisation, mais aussi tout le savoir que cette civilisation pourrait apporter à l'humanité. On a donc un objectif à des fins qui ne sont pas forcément néfastes.

Muska se dirige vers les entrailles de Laputa pour y vérifier et approfondir ses recherches

Les pirates, premier personnages à apparaître dans l'histoire, sont d'abord considérés comme les antagonistes. Ils en veulent à Pazu et Sheeta qui sont ensuite sauvés par le gouvernement. Mais, un rapide retour des choses surprend pour nous montrer les réels antagonistes de l'histoire. L'armée, sous les ordres du gouvernement séquestre Sheeta et Pazu pour leur retirer des informations. Il y a ensuite un retournement de situation et Sheeta finit par avoir de la sympathie pour les pirates.

 

Muska s'affole ! Le robot prisonnier dans la forteresse de l'armée s'est réveillé et ravage le quartier général de l'armée !

Ce qui amène le spectateur à le repousser et à le considérer comme un véritable méchant est sa manière de se comporter avec les autres personnages. Pour Muska, la fin justifie les moyens, et il nous le fait clairement comprendre avec la séquestration de Sheeta et la destruction de l'armée en tuant simplement tous les soldats. Tandis que Sheeta n'a pas les clés en main pour saisir l'ensemble des paramètres que représente le château dans le ciel, Muska semble en connaître davantage. Il a de nombreuses connaissances sur Laputa, et il connaît les lieux cachés au sein du château. Il a la possibilité de restaurer la forteresse volante pour la rendre opérationnelle.

Personnage machiavélique ou bien symbole d'un révolution technologique ? Cet entre-deux nous démontre bien de quoi le personnage de Muska est constitué.

Le don d'humanité à un robot

Le premier robot de Laputa que rencontrent Sheeta et Pazu est particulièrement intéressant. Paradoxalement, il s'agit d'un symbole fort de la valeur de la vie et de la situation de l'île après des années de sommeil. La nature a repris le dessus. Le comportement du robot nous montre qu'il fait attention au nid de l'oiseau, qu'il s'est intégré au monde qui l'entoure comme entité vivante à part entière, et qu'il a la notion du recueillement, notion très humaine. Il contraste avec le réveil de ses congénères qui se jettent par simple mécanisme et avec avidité, sous les ordre de Muska, sur le dirigeable de l'armée tentant, tant bien que mal, de s'échapper de l'île volante et de ses menaces. Un paradoxe s'opère aussi entre deux personnages : l'humanité du robot, et la froideur de Muska. Le représentant du gouvernement tend à avoir un comportement robotique : sans foi ni loi.

Le robot vient accueillir nos deux héros. A ses côtés, plusieurs petites créatures sont sous sa protection.

L'évolution technologique est-elle toujours bénéfique ?

La puissance de Laputa s'est éteinte et la nature  reprend ses droits.

La puissance technologique de Laputa dans toute sa splendeur !

Le film expose un questionnement dont la réponse est à nuancer : l'évolution technologique est-elle toujours bénéfique ?

Il n'est pas surprenant de considérer ce questionnement en connaissant Miyazaki. Longtemps marqué par la seconde guerre mondiale et par la puissance de la bombe atomique, on y retrouve cet élément sous différents aspects dans ses films. Ainsi, Miyazaki nous démontre ici la puissance de cette superstructure avec une démonstration de force de la part de Muska incroyable ! Par cet extrait du film, on pourrait y voir une critique de cette puissance de la part de Miyazaki. Mais cette évolution technologique est plus nuancée : d'un côté, il nous montre un robot doté d'une "âme" qui considère l'importance de la vie. De l'autre, il expose la puissance dévastatrice d'une technologie novatrice. Une bivalence apparaît alors autour de la notion de technologie qui dans un cas, peut se révéler être au service de l'humanité et de la vie, et de l'autre semer le chaos et la destruction, soit détruire cette vie.

Le film tend à démontrer la valeur de l'espèce vivante. Il serait possible d'évoquer ce déséquilibre technologique/environnemental au travers de ce conte. Finalement, la forteresse, symbole de force technologique tombe, pour laisser place aux végétaux ayant pris place depuis des siècles autour du cristal de Laputa.

Le coeur de Laputa mis à nu par Muska

Notons le tout...

Les graphismes

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Fidèle à lui même, le studio Ghibli nous offre des graphismes d'une beauté sans nom pour un film de 1986. Le travail des textures et des couleurs est formidable et retransmet parfaitement ce nouvel univers à ambiance Steampunk. Le travail sur les machines volantes ainsi que sur les effets brumeux sont complexes et raffinés. Le film s'écarte des sentiers battus.

 

En France à la même période, on connaît l'apparition des films d'animation Astérix :  Astérix chez les Bretons (1986) ou Asterix et la surprise de César (1985), plus rigide en terme d'animation et moins précis dans le niveau de détail affiché à l'écran.

 

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Les personnages et les dialogues

On observe des personnages qui s'écarte particulièrement des sentiers battus. Par ces inspirations diverses, Miyazaki nous offre un film riche en originalité. Des personnages décalés, loin des archétypes classiques du genre, on y découvre alors une femme pirate un peu grognon, des hommes de guerre et d'états puissants, des pirates peu habile et robustes derrière lesquels se trouve des cÅ“ur attendris. Et ce sont ces caractères qui donnent une bonne consistance au film. 

 

Toutefois, les personnages ne constituent pas une révolution à part entière et on peut facilement observer leurs caractères et leurs tempérament sur d'autres héros similaires. Le caractère de Pazu est le reflet de l'explorateur de Jules Verne ou Sheeta, par son manque d'assurance, renvoie certains traits de caractère habituellement donnés aux princesse disney (peu sûr d'elles, hésitantes, et bien souvent spectateur de leur propre histoire).

La musique, envoutante à souhait, retranscrit fabuleusement bien les moments de mystères (les pierres qui chantent, la découverte de Laputa sur la photo de Pazu..), de tension. Elle implique totalement le spectateur dans l'histoire et se révèle être un élément narratif à part entière.

La musique

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On retrouve des scénarios déjà abordés et miyazaki crée un film dont les influences sont clairement indiquées. On observe toutefois un scénario réinterprété avec brio et plusieurs aspects novateurs sont à pointer du doigt. Le personnage héros est habituellement une figure de courage, de détermination qui cherchent, malgré les dangers et périls qui se dresse sur son passage, à continuer sa route malgré tout et atteindre son objectif. Ici, la situation s'inverse. Le personnage principal Sheeta recherche une stabilité dans sa vie. Elle ne souhaite pas spécialement avoir de liens avec Laputa. Pazu se rapprochera davantage de l'archétype classique de l'aventurier.

 

De plus, les héros féminins sont habituellement mis sur un piédestal chez Miyazaki. Ici, Sheeta n'est pas dans cette situation et il s'agirait plutôt d'un personnage secondaire qui jouerait ce rôle : La chef des pirates de Doras. Il s'agit donc d'une originalité par rapport aux autre œuvres de Miyazaki.

 

S'il fallait y trouver un défaut, il s'agirait probablement de la pauvreté des créatures de ce nouveau monde. Toujours dans la même dynamique et le même style que les robots, on aurait pu imaginer que le peuple de Laputa ne crée pas qu'un type de robots, mais bien d'autres qui perdureraient dans le temps et joueraient le rôle de gardiens de la forteresse éternellement.

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La structure narrative

Au croisement des quêtes fantasmagoriques de Stevenson, (l'île au trésor- 20 000 lieux sous les mers) et de la légende de l'Atlantide, le studio Ghibli nous offre un voyage sans retour, dans un nouveau monde. Cette fois, on ne redécouvre pas les abimes profonds de nos chers océans mais plutôt le monde des cieux, prétexte fort à la création aujourd'hui. Cela entre en cohérence avec la personne de Miyazaki qui aime le ciel et ses machines volantes créées par les hommes. Miyazaki va alors plus loin en créant des machines encore plus farfelues. Il est dans son élément et cela se voit.

 

On peut évoquer d'autres films qui auraient pu prendre influence sur le château dans le ciel : c'est le cas du film Origin, sorti en 2006 qui nous présente une structure titanesque dotée d'une force de frappe incroyable. Celle-ci est similaire au château dans le ciel. De plus, cette invention vise la radiation de l'humanité pour reconstruire sur des bases solides. On est alors proche de la création de Miyazaki. Le film d'animation Steamboy  quand à lui aborde avec talent ce conflit pour la technologie. Il est question de cette bivalence entre les antagonistes ayant la volonté d'évoluer à des fins de destruction, et les protagonistes visant avant tout la sauvegarde d'un monde actuel. On retrouve ce dilemme autour du rôle de la technologie et de la conséquence de son évolution.

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Les références culturelles et l'originalité

Toutes les images sont issues du film Le chateau dans le ciel et appartiennent de droit au Studio Ghibli.

Cet usage n'a aucune vocation commerciale.

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